Yannick Fialip : 25 à 30% des exploitations bientôt dans le rouge...
Comment faire face à la crise sans précédent du monde agricole ? La FDSEA et les JA de Haute-Loire ont décidé de réunir mercredi au Puy les organisations agricoles, les banquiers, les assureurs du département pour évoquer les solutions qui peuvent être trouvées pour contrer les difficultés auxquelles doivent faire face un tiers des exploitants en Haute-Loire. Nous en avons profité pour faire le point avec Yannick Fialip, le président de la FDSEA 43...
Haute-Loire Infos : Pourquoi avoir organisé cette réunion, et qu'est-ce que vous en attendez ?
Yannick Fialip : L’objectif est de faire un bilan avec les différentes organisations professionnelles agricoles sur la situation de l’agriculture en Haute-Loire pour faire le point sur les problématiques et le nombre d’exploitations en difficulté. Il pense que l’ensemble du monde agricole peut être source de solutions. On pense qu’il y en a, et qu’un certain nombre de structures peuvent faire des efforts de baisse de prestations, de réaménagement de dettes, de prise en charge d’intérêts, de report de factures, pour qu’on aide les agriculteurs à passer cette crise, et leur redonner de l’espoir. La crise porcine a vécu une crise très grave l’année dernière, aujourd’hui les cours sont remontés.
Haute-Loire Infos : Il y a-t ’il des cas difficiles en Haute-Loire, des exploitants qui ont perdu espoir ?
Yannick Fialip : Oui on en connait. Vous pouvez comprendre que des agriculteurs qui ne se versent plus de salaires depuis deux ans, qu’ils se lèvent tous les jours à 6h du matin, qu’ils traient leurs vaches tous les jours…Il y a un moment où l’on peut comprendre qu’ils baissent les bras. Ce qui est dommage, c’est qu’ils vont faire des impasses sur leurs exploitations, qu’ils ne vont plus acheter d’intrants, qu’ils ne vont plus conduire leurs troupeaux comme il le faut. Ils vont se retrouver dans des situations dramatiques dans les 6 mois ou un an à venir. On veut leur redonner l’espoir on leur disant « On se serre les coudes, on va vous donner un coup de main pour passer cette crise et rebondir sur des jours meilleurs ». Il faut retrouver du financement pour les exploitations, et donc faire des reports d’annuités, refinancer des prêts, pour se redonner un peu de marge de manœuvre. Ca va être un travail que l’on va faire avec les banques, la MSA, les assurances, les centres de gestion, la Chambre d’agriculture, les coopératives…
Haute-Loire Infos : Quel est l’état des lieux aujourd’hui en Haute-Loire ?
Yannick Fialip : On est aujourd’hui sur une baisse de chiffre d’affaires de 10 à 15 000 euros par exploitant sur un an, sachant que les charges sont restées les mêmes. C’est 10 à 15 000 euros de revenus en moins. Quand on sait que le revenu moyen en Haute-Loire d’un producteur se situe entre 10 et 15 000 euros, cela veut dire qu’il n’y a plus de revenus pour un bon nombre d’exploitations. A plus long terme se pose la question de l’alimentation dans ce pays. En 2014 le prix du lait était à 360 euros les 1000 litres et les consommateurs ne se sont pas plaints des prix appliqués en grande surface. Aujourd’hui il est à 260 euros. Il y a un moment où il faudra trouver des solutions pour que l’on garantisse des prix plus stables pour les producteurs, c’est un débat que l’on va lancer au niveau européen, mais également au niveau de la campagne à la présidentielle. Soit les politiques se donnent les moyens d’avoir l’arme alimentaire au niveau national et européen, soit il laisse ça à quelques industriels privés qui vont définir ce que l’on va manger dans nos assiettes, et le prix payé aux producteurs, et ce n’est pas ce que l’on veut. On a aujourd’hui 5 à 10% d’exploitations qui sont dans une situation très fragile, et on a 25 à 30% des exploitations dont les clignotants commencent à être au rouge. Sur un peu plus de 3000 exploitations en Haute-Loire, il y en a presque un tiers qui pourront avoir de grosses difficultés demain, s’il n’y a pas de bonnes décisions de prises.