19 février

L'invité du week-end : Gérard Deygas, directeur de la Maison du Logement...

Gérard Deygas, le directeur de la Maison du Logement est notre invité ce week-end. Il nous parle des grands changements prévus cette année au sein de l’organisme, des objectifs qui ont été définis. Il nous livre également le regard qu’il porte aujourd’hui sur le monde politique, deux ans après avoir perdu les élections à Vorey, il se confie enfin sur sa personnalité et ses priorités en temps qu’homme.

 

Haute-Loire Infos : Depuis le 1^er janvier 2011 la Maison du Logement comprend trois entités, comment vont se traduire ces principaux changements ?

 

Gérard Deygas : Il faut d’abord noter qu’en 2010 notre groupe a rejoint le groupe AMALLIA, 4ème acteur national autour d’Action Logement (ex 1 % locatif), groupe de 1 600 collaborateurs, 100 000 logements, 600 millions d’euros de ressources. Amallia est un collecteur dont le siège social est à Lyon et qui exercice les différents métiers autour du logement sur 3 régions :

 

•           Rhônes Alpes,

•           Ile de France,

•           Auvergne.

 

A ce titre, Le Puy est donc, avec la Maison du logement 43, la tête de pont sur l’Auvergne. Pierre BERGERON et moi-même avons été élus administrateurs pour représenter notre territoire. Avec ce groupe, nous avons dû repenser notre organisation. Aujourd’hui, la Maison du Logement 43 réunit :

 

•           Le Foyer Vellave, bailleur social historique,

•           Logivelay, coopérative développant les métiers de l’accession,

•           La Direction Territoriale d’Amallia déclinant tous les services liés à Action Logement, ancien 1 %.

 

Nous en avons profité aussi pour réorganiser notre service client par la création d’un Centre Relations Clients dont les bureaux ouvriront le 01/03/2011. En effet, notre groupe, certifié Qualibail, souhaite être le plus efficace possible dans ses relations avec ses clients.

 

Haute-Loire Infos : Inflation à la hausse, prêts locatifs qui augmentent, hausse des loyers…Comment faire face à tout cela ?

 

Gérard Deygas : Le contexte économique est pour nous très chahuté. En effet, le pouvoir d’achat de nos locataires ou accédants à la propriété est limité et progresse faiblement. Nous pouvons donc peu agir sur le niveau des loyers ou des prix de vente si nous voulons faciliter l’accès au logement. Par contre, toutes nos charges augmentent avec la reprise de l’inflation et l’augmentation des taux d’intérêts, des impôts des collectivités locales et les besoins de maintenance du parc, en particulier la rénovation thermique et l’adaptation des logements au vieillissement de la population mais aussi la prise en compte de la nouvelle réglementation thermique. Comment faire : cela passera par une gestion de plus en plus rigoureuse et une priorisation de nos actions.

 

Haute-Loire Infos : Quels sont les projets sur le parc immobilier  que vous gérez ?

 

Gérard Deygas : D’abord, au 01/01/2011, nous avons acquis 125 logements à la société HLM Domocentre sur les départements de la Haute-Loire et de l’Ardèche. Nous avons livré 96 logements nouveaux en 2010, ce qui représente une augmentation importante du parc (+ 221 logements). Nos projets 2011 verront la mise en œuvre de la rénovation de notre parc de Guitard (221 logements) pour une dépense de  4 800 480 € HT. Nous livrerons de grosses opérations (Brioude la Bageasse 20 logements, Yssingeaux le Clos de Verdun 32 logements, Brives-Charensac Carrier 45 logements, Loudes 14 logements + 1 maison de santé, mais aussi des opérations plus petites Lantriac 9, Saint Pierre Duchamp, Beaux, Roche en Régnier (4 à 5 logements en moyenne). Nous devrions lancer une résidence seniors à Brioude de 27 logements. Sur le patrimoine existant, la réhabilitation thermique des 91 logements du Lubéron Ventoux et des 39 logements de Montferrand au Puy débutera.

 

Nous négocions actuellement aussi avec nos collègues d’Amallia  l’acquisition de 600 logements sur Annonay Ardèche, ce qui nous permettra de conforter notre implantation ardéchoise. Sur le plan de l’accession à la propriété, l’OPAC et le Foyer Vellave ont décidé de s’allier avec Logivelay pour développer avec les collectivités locales des programmes d’accession sociale sécurisée durable abordable. Actuellement, quelques 110 logements sont en programmation dans l'agglomération du Puy-en-Velay, à Yssingeaux, Monistrol/Loire, Aurec/Loire, Brioude.

 

Vous pouvez constater que notre groupe a un plan de charges important qui devrait se traduire par une amélioration de notre parc favorable à nos locataires, de produits d’accession à prix abordable mais aussi par un soutien à l’activité du bâtiment.

 

Haute-Loire Infos : Deux ans après votre défaite à Vorey, quel regard portez-vous aujourd’hui sur la politique ?

 

Gérard Deygas : D’abord, pour Vorey, un regard serein. Pendant 24 ans de mandat de Maire, je constate avec satisfaction l’action menée sur les 4 municipalités que j’ai présidées. Nous avons complètement transformé Vorey dans tous les domaines. De plus, tous les projets en cours ont été repris, ce qui a permis la transition bien que je ne constate aucun projet nouveau dans la nouvelle majorité et une mise en œuvre de ces projets antérieurs bien lente.

 

Une grande tristesse sur la polémique sur les finances communales qui a servi de toile de fond à la campagne électorale qui laisse à penser que la commune n’aurait pas les moyens de son développement. Je constate que les impôts n’ont pas augmenté, le montant du prélèvement sur les recettes de fonctionnement pour les investissements est toujours aussi important. Quel était le problème ?

 

Une grande blessure sur les lettres anonymes qui ont suivi la campagne électorale et qui n’avaient qu’un but : essayer de m’anéantir mais il en faut plus que ça. Des grands regrets : l’opposition qui a perdu avec 10 voix d’écart sur la majorité n’est pas admise ni dans les commissions ni dans ses propositions : un verrouillage complet. Je constate aussi que le SICALA, le SDIS et le Pays du Velay que j’ai présidés font encore référence à l’action que j’ai essayé d’y mener pour moderniser ces instances.

 

Au niveau de l’intercommunalité, l’année 2011 sera une année décisive. En effet, la commission départementale de coopération intercommunale (que j’ai co-présidé avec le Préfet pendant 19 ans) devra modifier le contour des regroupements des communes. En effet, la première carte de 1994 était un premier pas. Il a été décisif en Haute-Loire. Aujourd’hui, il faut le consolider. Pour ma part, la communauté de communes de l’Emblavez doit s’emparer du sujet dans les meilleurs délais car c’est une décision d’avenir qu’il faudra prendre.

 

Au niveau du département, je constate que Gérard Roche, dans les pas de Jacques Barrot, conduit le département avec le seul souci de l’intérêt général et avec la tolérance et l’humilité nécessaires à l’action politique mais aussi une grande pugnacité. Je regrette là franchement de n’avoir pu travailler à ses côtés.

 

Haute-Loire Infos : Vous êtes vice-président du Nouveau Centre, quel rôle jouez-vous, quelles sont vos priorités ?

 

Gérard Deygas : En tant que démocrate chrétien, j’adhérai au CDS et depuis je n’ai adhéré à aucun parti. J’avais soutenu François Bayrou au premier tour de l’élection présidentielle de 2007. Ma déception a été immense devant son attitude pour le deuxième tour. Au Nouveau Centre, je souhaite que nous contribuions dans le respect des hommes à faire des propositions pour enrichir le débat national.

 

Je crois en l’économie de marché, en l’efficience des entreprises à condition que tout cela soit au service de l’intérêt général et non d’intérêts particuliers ou catégoriels. La crise financière que nous venons de passer a ouvert les yeux à tout le monde pour repenser un modèle économique tourné vers l’homme.

 

Au titre du logement qui est ma spécialité, je souhaite que le Nouveau Centre prône une vraie politique publique. Aujourd’hui le logement est la deuxième préoccupation de nos concitoyens notamment pour les jeunes, les primo-accédants et les personnes âgées aux ressources modestes.

 

Plus généralement, je constate que nos hommes politiques se transforment de plus en plus en techniciens de l’action politique. Les militants comme Jacques Barrot que j’admire beaucoup se font trop rares. Le politique doit avoir une vision globale de la société et être proche de nos concitoyens. En cela, j’ai plaisir à regarder l’attitude de Laurent Wauquiez.

 

Haute-Loire Infos : Parlons de l’homme à présent. Quelle image pensez-vous avoir auprès des personnes qui vous côtoient, qui se cache derrière Gérard Deygas ?

 

Gérard Deygas : J’apparais plutôt comme un homme froid qui a peu de certitudes mais des convictions chevillées au corps mais derrière il y a un cœur sensible.  Je suis pugnace et aussi impulsif et je m’irrite facilement devant les injustices et la médiocrité. Comme le disait le Général de Gaulle «La seule querelle qui vaille est celle de l’homme ». Cela résume bien ma façon de voir les choses. Qui se cache derrière Gérard Deygas ? Je crois un homme sensible mais qui a toujours essayé de se protéger pour affronter avec le plus de sérénité possible l’action publique qui est difficile et parfois redoutable. J’aime beaucoup le débat d’idées.

 

Haute-Loire Infos : Quelle est votre vision du bonheur, quelle est votre philosophie ?

 

Gérard Deygas : Je le trouve auprès de ma femme et de mes enfants. C’est là que je puise chaque jour mon énergie et le goût d’avancer. Je regarde avec beaucoup de tristesse le vide social que fabrique notre société, c’est pour cela que j’apprécie de partager avec des amis des moments de grande convivialité autour du jardin, de la vigne, de la tuerie du cochon …avec un casse croute et un petit canon de vin. Ma philosophie pourrait se résumer à regarder chaque jour autour de moi et de me dire que je suis plutôt nanti et que je me dois moralement d’œuvrer pour ceux qui bataillent dans leur quotidien. Auguste Bonnefoux qui m’a accompagné dans mon mandat de Maire pendant plus de 15 ans me disait très souvent « nous ne sommes riches que de ce que nous donnons aux autres ». J’espère que je mourrai riche.

 

 

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