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19 novembre

L'invitée du week-end : Aurélia Blanchard, sportive de haut-niveau...


Aurélia Blanchard est notre invitée ce week-end. Elle pratique le Kendo au Puy-en-Velay, et elle s'est distinguée en octobre dernier en Italie au Trophée International de la ville d'Alessandria. Elle faisait partie de l'équipe de France, et elle a réussi à décrocher une médaille d'or. En janvier prochain, elle participera aux sélections pour les championnats de France. En attendant, elle prend le temps de répondre à nos questions concernant le kendo, et la compétition à laquelle elle a pris part dernièrement...

 

Haute-Loire Infos : Qu’est-ce que le Kendo, et comment pratique t’on cette discipline ?

 

Le kendo, littéralement « la voie du sabre », est un art martial japonais, héritier des pratiques guerrières des samouraïs. Il se pratique avec un sabre de bambou (le shinaï) manipulé à deux mains, à l’aide duquel deux adversaires, protégés par une armure composée d’un casque, d’un plastron et de gants, s’affrontent. L’objectif de ce duel est de délivrer des coups « parfaits » ou « ippons », définis par le respect de plusieurs critères. La frappe doit ainsi être portée avec la bonne partie du sabre sur la bonne partie de l’armure, avec énergie et engagement du corps, ce qui se traduit, au moment de l’assaut, par un cri et une frappe du pied au sol. Ces dernières notions étant relativement subjectives, trois arbitres sont nécessaires en compétition pour évaluer ces critères. L’attribution de deux ippons donne alors la victoire.

 

Haute-Loire Infos : Quelles sont les qualités requises pour la pratique du Kendo ?

 

Une certaine condition physique est certes nécessaire, mais le kendo requiert avant tout une grande force morale : la recherche du coup parfait, tel que je l’ai décrit plus haut, est permanente, et par définition, jamais achevée. Je pratique le kendo depuis 15 ans, mon mari depuis plus de vingt ans, et pourtant nous sommes encore des « bébés » dans notre discipline ! Plus on avance en âge, plus on progresse techniquement, à condition bien sûr de s’imposer un certain volume d’entraînement. C’est ce qui est pour moi passionnant dans le kendo, au-delà des résultats en compétition. Dans quelle autre discipline peut-on être plus fort à trente ans qu’à vingt, à quarante ans qu’à trente, et ainsi de suite ? Cela demande en contrepartie de la patience et une grande humilité… Il en faut pour accepter, au « top » de sa condition physique et fort de ses victoires,  de prendre une raclée par un vieux monsieur qui, en dehors du dojo, marche en s’appuyant sur une canne… Ce genre d’expérience est monnaie courante chez les kendokas, et développe une grande capacité de remise en question, bien utile dans la vie de tous les jours !

 

Haute-Loire Infos : Comment s’est déroulée la compétition durant laquelle vous vous êtes illustrés, et qu’en gardez-vous comme souvenirs ?

 

Tout récemment, j’ai participé au tournoi international de la ville d’Alessandria, en Italie. Le matin même, je manquais vraiment de motivation. Sportivement parlant, les semaines précédentes avaient été assez difficiles, je n’avais pas ressenti à l’entrainement les bonnes sensations nécessaires pour aborder une compétition en toute confiance. J’ai donc abordé sans ambition particulière le premier combat, que j’ai remporté assez facilement alors que je m’attendais à être à la peine. Les tours passant, je me suis sentie de plus en plus à l’aise, l’emportant au passage sur ma compatriote, Championne d’Europe en titre, puis en finale, sur une internationale de l’Equipe d’Allemagne ! Je me suis donné la preuve qu’il ne faut jamais abandonner avant la bataille, même quand les conditions semblent défavorables. C’est parfois dans ce contexte que l’on parvient à donner le meilleur de soi-même ! J’avoue que ce résultat a relancé ma motivation pour la saison, qui s’annonce bien chargée.

 

Haute-Loire Infos : Vous pensez maintenant aux Championnats de France ?

A vrai dire, j’y pense assez  peu… Je n’ai qu’un seul objectif en 2012 : les Championnats du Monde ! Même si un fossé nous sépare des professionnelles Japonaises et Coréennes, c’est le rêve d’un exploit qui entretient mon envie de me battre et de faire de la compétition. En ce sens, les Championnats de France représentent une préparation parmi d’autres en vue des Mondiaux… je n’envisage pas pour autant de ne pas gagner, même si j’aurai fort à faire face à certaines de mes coéquipières de l’Equipe Nationale. J’ai remporté mon premier titre national en 2000, et j’aime me dire que je suis toujours là !

Haute-Loire Infos : Parlons de vous à présent, comment occupez-vous vos temps libres lorsque vous ne faites pas de sport ?

Mes temps libres passés à faire autre chose que du kendo sont rares… Heureusement que mon mari pratique aussi à haut niveau, sans quoi nous ne nous verrions pas souvent ! Cependant, quand un week-end libre se présente, nous ne manquons pas cette occasion pour faire du tourisme et redécouvrir le patrimoine de la France. Ayant passé quelques temps à l’étranger, nous avons encore beaucoup de destinations merveilleuses à voir dans notre propre pays ! J’apprécie également la bonne cuisine, et de ce côté-là, nous sommes bien servis en Haute-Loire. Heureusement, le kendo ne nous soumet pas à la dictature de la balance, puisqu’ il n’y a pas de catégories de poids comme c’est le cas dans beaucoup d’autres sports de combat !

Haute-Loire Infos : Quel regard portez-vous sur la société actuelle ?

Il me faudrait plus de quelques lignes pour développer le sujet… Pour faire court, je trouve que trop peu de gens ont l’ambition d’être heureux, autrement qu’au travers des critères artificiels que nous inculque la société de consommation. Dès notre plus jeune âge, on nous abreuve d’un discours qui dit que pour être heureux, il faut posséder et que pour posséder, il faut gagner de l’argent. Or, j’estime qu’avec les moyens dont on dispose aujourd’hui pour aller à la découverte de l’autre, pour voyager, pour accéder à la connaissance, il est regrettable de ne pas trouver d’autres voies de satisfaction que celle de l’avoir.

Haute-Loire Infos : Quel est le sujet d’actualité qui ne vous laisse pas insensible et pourquoi ?

 

Je ne suis que distraitement les actualités, non pas par manque de curiosité mais plutôt par lassitude… Nous sommes tellement submergés d’informations qu’il me semble difficile de faire le tri entre ce qui est vrai et ce qui relève de la sur-interprétation des faits. J’habitais à l’étranger au moment des émeutes de 2007, et les images qui me parvenaient étaient celle d’une véritable guerre civile ! Je ne minimise pas ces évènements, mais il ne me semble pas que la France entière ait été à feu et à sang… Qui croire alors ? Je vais tout de même suivre avec attention la campagne présidentielle, et serai sans doute sensible à la problématique du nucléaire.

 

Haute-Loire Infos : Quelle est votre devise ?

 

Il faut être acteur de sa vie, et non pas spectateur !

 

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