27 mai

Le Père Emmanuel Gobilliard dévoile son journal de Tanjomoha...

Le Père Emmanuel Gobilliard, recteur de la cathédrale du Puy-en-Velay lors de sa mission à Madgascar, a décidé de partager dans livre publié par les éditions des Béatitudes, l’expérience qu’il a vécu là-bas, à travers la mission qui l’a emmené à se rendre dans un foyer d’enfants handicapés, et à donner des cours dans un séminaire…A l’occasion de la séance de dédicaces qu’il a proposé mercredi à la librairie Ichtus, nous en avons profité pour lui poser quelques questions :

Haute-Loire Infos : Il faut rappeler que ce livre est né d’un coup de tête ?

Père Emmanuel Gobilliard : Oui et non ! Cela faisait plusieurs années que j’avais demandé à monseigneur Brincard de m’envoyer au service de diocèses pauvres, comme missionnaire, pour 3 ou 6 ans. Il était assez embarrassé par cette demande et me faisait comprendre qu’il ne pourrait pas accepter. Et c’est plusieurs mois après cette réticence que, sur un coup de tête je lui ai envoyé une demande pour seulement une année. C’est ce que je raconte dans l’introduction du livre.

Haute-Loire Infos : Pourquoi avoir publié dans ce livre les lettres que vous avez adressé à vos proches ?

Père Emmanuel Gobilliard : En octobre dernier, alors que dans les médias, revenait le débat sur la légitimité du célibat sacerdotal, j’avais choisi de publier la quatrième lettre qui est un témoignage sur la façon dont je vis ce célibat. Je l’ai publiée sur le site de la cathédrale du Puy dont l’audience reste très modeste. Pourtant, après quelques minutes, la lettre avait été partagée plusieurs centaines de fois sur les réseaux sociaux. Ensuite j’ai reçu des demandes de la part de deux éditeurs. Un autre qui avait été prévenu par un de mes proches, celui qui a effectivement édité le livre, m’avait déjà contacté. Enfin, et c’est probablement ceci qui a été décisif, j’ai reçu des témoignages très émouvants de confrères prêtres qui me remerciaient d’avoir « ouvert mon cœur ». Alors j’ai franchi le pas.

Haute-Loire Infos : Il n’y a pas que les beaux paysages à Madagascar qui vous ont marqué, il y a aussi la pauvreté ?

Père Emmanuel Gobilliard : Ce qui m’a marqué, ce sont les gens, leurs histoires, leur vie, et ce curieux contraste entre une pauvreté considérable et la joie de vivre des habitants qui m’entouraient. Sans vouloir trop généraliser, j’ai pu constater que souvent, plus le niveau de vie s’élève, moins les gens ont l’air heureux, et plus ils se replient sur eux-mêmes, sur leurs écrans. Là-bas la vie sociale est très riche. On ne sait pas ce qui se passe à l’autre bout du monde, mais on sait lorsque son voisin va mal. Chez nous, on sait tout sur tout, mais on ignore comment s’appelle son voisin et ce qu’il vit.

Haute-Loire Infos : Est-ce que ce voyage a changé quelque chose en vous ?

Père Emmanuel Gobilliard : Oui beaucoup. C’est difficile à exprimer mais je pense que c’est le sujet principal du livre. Le lecteur comprendra.

Haute-Loire Infos : Cette expérience vous a-t-elle donné envie d’en vivre d’autres ?

Père Emmanuel Gobilliard : J’ai surtout appris que je pouvais vivre chaque jour comme une expérience nouvelle. Avant, j’étais trop dans le passé ou dans l’avenir, pas assez dans le présent. Donc je ne sais pas quelles expériences la providence me donnera de vivre, mais je suis sûr que je serai heureux si je sais vivre chaque moment de ma simple vie comme étant une expérience à ne pas manquer. Je ne sais pas comment se vivra la prochaine expérience, mais je sais où elle se vivra : à Saint-Didier-en-Velay.

Pratique : Journal de Tanjomoha : quand le cœur se dévoile au contact des plus pauvres aux Editions des béatitudes - 118 pages, 12 €.

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